Les bonnes pratiques des B corp françaises : retours sur notre enquête auprès de 20 entreprises certifiées

Encore confidentiel il y a quelques années, le mouvement B corp prend de plus en plus d’ampleur en France. A ce jour, 149 entreprises françaises ont été certifiées B corp. Le nombre de consultations du « BIA » (le référentiel d’évaluation d’impacts de B Corp) explose, atteignant jusqu’à 10 téléchargements par jour [1].

Quelle est la particularité de B corp ?

B Corp, mouvement international porté par l’ONG américaine B Lab, prône un nouveau paradigme économique : développer une économie partenariale prenant en compte le long terme plutôt qu’une économie actionnariale et court-termiste.

Son ambition : être la communauté des « entreprises meilleures pour le monde ».

Il s’agit d’une certification (et non d’un label) qui implique la validation par un auditeur indépendant (B Lab) des réponses aux 200 questions du BIA [2] soumises par l’entreprise.

B corp se démarque des certifications RSE « classiques » dans la mesure où elle évalue l’impact du fonctionnement de l’entreprise mais aussi l’impact de son modèle d’affaires, ce qui en fait un référentiel particulièrement complet et exigeant.

Les résultats de notre enquête menée auprès d’une vingtaine de B Corp françaises

Mélibée a mené une enquête auprès d’une vingtaine d’entreprises certifiées B Corp [3] pour identifier ce que la certification leur avait apporté et quelles actions concrètes ont été mises en place à l’issue de cette démarche.

Apports de la certification

Les entreprises interrogées ont indiqué, à plusieurs reprises, qu’il n’était pas aisé de faire un lien direct entre les améliorations obtenues et la certification. Toutefois, la plupart s’accorde sur le fait que cela a eu un impact positif sur leur développement, notamment sur 2 aspects : l’attractivité de talents et l’apport de nouveaux clients.

Résultats de l'enquête Mélibée réalisée auprès de 20 entreprises françaises certifiées B corp :

Parmi les autres apports mentionnés, le côté structurant de la démarche a été mis en avant à plusieurs reprises : formalisation des process, identification d’une raison d’être qui permet de mettre les sujets de développement durable au cœur de la stratégie, structuration de la démarche RSE, mise au point d’un guide pour piloter son business et le suivi de l’impact.

Il ressort de l’enquête que la démarche B corp permet de se poser des questions qui n’avaient jamais été posées auparavant et de mettre en place de nouveaux projets. Cela favorise des échanges de bonnes pratiques avec d’autres B corp et apporte en visibilité et en réseau.

Pour certaines entreprises – notamment celles spécialisées en RSE-, la certification a eu peu d’effets sur le fond mais a renforcé leur légitimité : parler d’impact lorsqu’on est soit même certifié apporte une reconnaissance supplémentaire.

Bonnes pratiques mises en place au sein des entreprises

Un engagement fort à prendre en se certifiant B Corp est d’inscrire sa raison d’être dans ses statuts (condition obligatoire pour se certifier). Une des entreprises interrogées a précisé être devenue une SAS à caractère social et solidaire.

Plusieurs entreprises ont indiqué que B Corp les avait obligées à se pencher sur leur gouvernance, les conduisant à tendre vers un fonctionnement plus horizontal, partager les profits en faisant entrer les collaborateurs au capital, plafonner les écarts de rémunération avec un ratio de 1 à 3 ou 4.

Sur le plan des ressources humaines, la démarche B Corp conduit les organisations à mettre en place des actions pour accompagner et développer les compétences de leurs collaborateurs, leur donner accès à des formations et de l’intéressement, lutter contre les discriminations, mettre en place du mécénat de compétences.

Certaines ont mis en place des forfaits pour soutenir l’activité sportive, d’autres la semaine de 4 jours[4], l’allongement du congé paternité, des hackathons pour réfléchir ensemble aux sujets à impact à adresser dans l’entreprise et à la manière de le faire, un livret d’accueil pour présenter les actions à impact mises en place dans l’entreprise.

En termes d’impact environnemental, plusieurs entreprises ont effectué un bilan carbone, duquel a découlé un plan d’action de réduction des émissions de GES. Certaines se sont engagées à être neutre en carbone en 2030. D’autres intègrent dans leurs pratiques l’éco-conception ou ont adopté une « travel policy ».

Bonnes pratiques avec les clients et fournisseurs et au niveau de la collectivité

Plusieurs actions peuvent être citées : mise en place d’un code de conduite pour ses fournisseurs, alignement de sa politique commerciale avec sa raison d’être, valorisation du travail de ses fournisseurs de matières premières à leur juste valeur, choix de prestataires responsables (fournisseur d’électricité, entretien, restauration…), possibilité pour le client de faire des dons à des associations choisies pour les causes qu’elles défendent.

Pour une activité de prestations de conseils, une initiative nous a particulièrement inspirée : passer d’une facturation classique au temps à une facturation sur forfait, dans une logique d’accompagnement partenariale.

Au niveau de la collectivité, les entreprises B Corp ont à cœur de travailler et faire travailler le tissu local, en choisissant des producteurs, fournisseurs, prestataires dans leur région ou en France. Certaines mettent également en place des actions pour éduquer et sensibiliser à la préservation de l’environnement ou l’agro-écologie (par exemple, projets de ruchers pédagogiques dans les collèges ou en entreprise[5]).

Les difficultés rencontrées par les entreprises au cours de la certification

Mélibée a également interrogé les entreprises B Corp pour identifier les difficultés qu’elles avaient pu rencontrer au long de la démarche de certification.

Parmi ces dernières, on relève des difficultés liées à :

  • la récupération de certaines informations en interne et la formalisation des pratiques mises en place dans l’entreprise
  • la capacité à expliquer son activité pour qu’elle soit compréhensible vis-à-vis de la personne qui mène l’audit
  • la compréhension de certaines questions, très anglo-saxonnes, et la communication avec l’auditrice non francophone
  • la surestimation de son score qui fait perdre du temps dans le processus
  • la gestion du temps impliqué par la démarche et de la charge de travail pour le coordinateur B corp en interne
  • sourcer certains documents auprès de ses fournisseurs qui a pris du temps
  • se plonger dans les questions complexes de gouvernance de l’entreprise
             
Si la certification B Corp vous intéresse, retrouvez-nous le 29 septembre prochain pour un webinar sur le sujet de 12h30 à 13h30 !



[1] Donnée B Lab France
[2] 200 questions du BIA réparties en 5 domaines d’impact (gouvernance, collaborateurs, environnement, collectivité,clients) permettent de diagnostiquer de manière holistique et qualitative les impacts de son entreprise et d’identifier les aspects sur lesquels s’améliorer, mais aussi de prendre conscience de ses forces.
[3] Luko, aKagreen, Norsys, Squiz, N’go Shoes, OM Conseil, Imfusio,Circulab/Wiithaa SAS, Pixelis, RH Performances, MySezame, Investir&+, EngieRassembleurs d’Energies, Birdeo, Les Prés Rient Bio, Domofrance, Chacun SonCafé, Ephemere Square, Clinitex, Welcome to the Jungle, Ekodev